Il y a 500 ans cette année, durant la veille de la Toussaint du 31 octobre 1517, un moine augustinien du nom de Martin Luther affichait ses désormais fameuses 95 thèses sur les portes de l’église-château de Wittenberg en Allemagne (la photographie ci-dessus est la porte de cette église, où sont aujourd'hui gravée les 95 thèses).
Ce jour marquerait à jamais l’histoire de l’Église universelle comme le catalyseur de la Réforme Protestante. Martin Luther était alors moine et professeur de théologie à l’université de Wittenberg, et, selon la coutume de l’époque, les portes d’une église pouvaient servir de support pour afficher diverses annonces ecclésiales et académiques.[1]
En sa qualité de docteur en théologie, Luther pouvait y attacher un sujet de débat théologique, et là était bel et bien son intention en disposant son dossier de feuille contenant ses thèses à débattre sur le sujet des indulgences.
■ L’Hérésie des Indulgences
Plus particulièrement, Luther souhaitait voir naître un débat « sur la puissance et l'efficacité des indulgences […] par amour et zèle pour la vérité et le désir de la mettre en lumière », annonça-il.[2]
Son document était une condamnation ouverte de l’hypocrisie et de l’avarice des indulgences, bien qu’il ne s’exposait pas nécessairement à la critique puisque ses thèses étaient « à débattre », et n’étaient par conséquent, pas forcément le reflet de ses convictions.
“ Martin Luther était encore un fervent catholique croyant à l’hérésie selon laquelle le salut se mérite par les œuvres ”
À cette époque, Martin Luther était encore un fervent catholique croyant à l’hérésie selon laquelle le salut se mérite par les œuvres. Il n’était donc pas encore convertit : « Si quelqu'un vous annonce un autre Évangile que celui que vous avez reçu, qu'il soit maudit ! […] Vous êtes séparés de Christ, vous tous qui cherchez la justification dans la loi ; vous êtes déchus de la grâce » (Galates 1:9b, 5:4).
Comme nous le verrons dans un prochain article, le salut est reçu seulement par la foi en Christ et non par les bonnes œuvres (voir Romains 3:21-22, 3:28-30, 4:9-16 ; Éphésiens 2:8-9 ; Galates 2:16), lesquelles sont certes le nécessaire résultat, mais non pas la cause, du salut (Éphésiens 2:10 ; Tite 3:7-8 ; Matthieu 7:16-23).
Par conséquent, l’intention de Luther lorsqu’il déposa ses 95 thèses n’était pas de scinder l’église Catholique Romaine, mais plutôt de la voir se réformer sur des sujets et des hérésies qui la gangrenaient, telles que l’hérésie des indulgences, à la grande peine de Luther et de beaucoup d’autres catholiques par ailleurs.
L’église Catholique Romaine a depuis changé sa doctrine sur les indulgences qui sont aujourd’hui définit ainsi : « L’indulgence est la rémission devant Dieu de la peine temporelle due pour les péchés dont la faute est déjà effacée, rémission que le fidèle bien disposé obtient à certaines conditions déterminées, par l’action de l’Église, laquelle, en tant que dispensatrice de la rédemption, distribue et applique par son autorité le trésor des satisfactions du Christ et des saints ».[3]
Il s’agit d’un soit disant pouvoir que l’église aurait pour pardonner les péchés des hommes, ce que la Bible contredit catégoriquement en disant : « Qui peut pardonner les péchés, si ce n'est Dieu seul ? » (Marc 2:7 ; Luc 5:21 ; Psaumes 130:3-4). La réponse à cette question rhétorique est pourtant claire: personne!
C’est d’ailleurs pourquoi les pharisiens accusèrent Jésus de blasphème (Luc 5:21), car l’Homme-Dieu proclama en vérité pouvoir pardonner les péchés de ceux qui s’approchent de Lui par la prière avec un cœur repentant (1 Jean 1:9 ; Jean 6:37 ; Psaumes 51). Toutefois les juifs ne le reçurent pas comme leur Messie, Dieu fait chair pour les sauver de leur péchés (Ésaïe 7:14, 9:5-6; Matthieu 1:23).
Il est donc un blasphème de penser qu’un homme sur terre puisse pardonner les péchés des hommes, que ce soit le pape ou un prêtre, « car il y a un seul Dieu, et aussi un seul médiateur entre Dieu et les hommes, Jésus-Christ homme » (1 Timothée 2:5).
La doctrine catholique sur les indulgences était cependant bien pire à l’époque de Luther. Pendant des siècles durant, l’église Catholique Romaine enseigna en effet que les indulgences étaient le moyen d’effacer les péchés en donnant de l’argent (énormément d’argent) à l’église.
Tout type péché (adultère, viol, vol, etc) avait son prix pour être effacé, et, un proverbe était même né : « aussitôt que l'argent résonne dans leur caisse, l'âme s'envole du Purgatoire ». (Le purgatoire serait un lieu où l'on demeurerait temporairement entre l'enfer et le paradis, la Bible le contredit catégoriquement, il n’y que deux destinations après la mort – Luc 16:19-31).
“ Les indulgences [mènent] en enfer, car elles détournent les pécheurs du caractère immérité du pardon de Dieu acquit par le Christ ”
Demandons-nous donc : Que dit la Bible sur l'achat du pardon divin avec de l’argent ? L’apôtre Pierre nous répond lorsqu'il dit au sorcier Simon : « Que ton argent périsse avec toi, puisque tu as cru que le don de Dieu s'acquérait à prix d'argent ! Il n'y a pour toi ni part ni lot dans cette affaire, car ton cœur n'est pas droit devant Dieu. Repens-toi donc de ta méchanceté, et prie le Seigneur pour que la pensée de ton cœur te soit pardonnée, s'il est possible » (Actes 8:20-22).
Dans une autre circonstance, Pierre dit à un mendiant handicapé : « Je n'ai ni argent, ni or ; mais ce que j'ai, je te le donne : au nom de Jésus Christ de Nazareth, lève-toi et marche. Et le prenant par la main droite, il le fit lever. Au même instant, ses pieds et ses chevilles devinrent ferme » (Actes 3:6-7, emphase ajoutée).
Voici les enseignements clairs et limpides du Christ : « Vous avez reçu gratuitement, donnez gratuitement » (Matthieu 10 :8b). Les indulgences font donc partie des hérésies catholiques qui envoient les personnes qui les pratiquent en enfer, car elles détournent les pécheurs du caractère immérité du pardon de Dieu acquit par le Christ à la croix, un pardon qui n’a pas de prix.
Mais qu’y avait-il de si puissant dans ces 95 thèses de Luther pour catalyser la Réforme Protestante? Voyons en quelques-unes des plus célèbres.
■ Une Sélection des 95 thèses
Sans être converti, les Saintes Écritures travaillaient déjà dans le cœur de Luther qui réalisait bien que les indulgences étaient utilisées par des multitudes d’hypocrites qui ne voulaient pas se repentir, et par une minorité que s’enrichissaient sur le dos des pauvres. Il écrivit donc 95 thèses pour réformer l’église, en voici une selection:[1]
Thèse nº1 : « En disant : Repentez-vous, notre Maître et Seigneur Jésus-Christ a voulu que la vie entière des fidèles fût une pénitence ».
Thèse nº27 : « Ils prêchent des inventions humaines, ceux qui prétendent qu'aussitôt que l'argent résonne dans leur caisse, l'âme s'envole du Purgatoire. Il ne paraît pas qu'on puisse prouver par des raisons, ou par les Écritures que les âmes du Purgatoire soient hors d'état de rien mériter ou de croître dans l'amour. Ce qui est certain, c'est qu'aussitôt que l'argent résonne, l'avarice et la rapacité grandissent. Quant au suffrage de l'Église, il dépend uniquement de la bonne volonté de Dieu ».
Thèse nº32 : « Ils seront éternellement damnés avec ceux qui les enseignent, ceux qui pensent que des lettres d'indulgences leur assurent le salut ».
Thèse nº35 : « Ils prêchent une doctrine antichrétienne ceux qui enseignent que pour le rachat des âmes du Purgatoire ou pour obtenir un billet de confession, la contrition n'est pas nécessaire ».
Thèse nº36 : « Tout chrétien vraiment contrit a droit à la rémission entière de la peine et du péché, même sans lettre d'indulgences ».
Thèse nº37 : « Tout vrai chrétien, vivant ou mort, participe à tous les biens de Christ et de l'Église, par la grâce de Dieu, et sans lettres d'indulgences ».
Thèse nº43 : « Il faut enseigner aux chrétiens que celui qui donne aux pauvres ou prête aux nécessiteux fait mieux que s'il achetait des indulgences ».
Thèse nº45 : « Il faut enseigner aux chrétiens que celui qui voyant son prochain dans l'indigence, le délaisse pour acheter des indulgences, ne s'achète pas l'indulgence du Pape mais l'indignation de Dieu ».
Thèse nº50 : « Il faut enseigner aux chrétiens que si le Pape connaissait les exactions des prédicateurs d'indulgences, il préfèrerait voir la basilique de Saint-Pierre réduite en cendres plutôt qu'édifiée avec la chair, le sang, les os de ses brebis ».
Par cette thèse, on constate bien que Luther pensait alors que le pape de son époque ignorait les conséquences des indulgences. Après sa conversion, il changera d'avis et affirmera que le pape est l'antéchrist! Bibliquement, le pape est en effet un antéchrist.
Thèse nº52 : « Il est chimérique de se confier aux indulgences pour le salut, quand même le commissaire du Pape ou le Pape lui-même y mettraient leur âme en gage ».
Thèse nº65 : « Les trésors de l'Évangile sont des filets au moyen desquels on pêchait jadis des hommes adonnés aux richesses ».
Thèse nº66 : « Les trésors des indulgences sont des filets avec lesquels on pêche maintenant les richesses des hommes ».
Thèse nº67 : « Les indulgences dont les prédicateurs vantent et exaltent les mérites ont le très grand mérite de rapporter de l'argent. Les grâces qu'elles donnent sont misérables si on les compare à la grâce de Dieu et à la piété de la croix ».
Thèse nº94 : « Il faut exhorter les chrétiens à s'appliquer à suivre Christ leur chef à travers les peines, la mort et l'enfer ».
Thèse nº95 : « Et à entrer au ciel par beaucoup de tribulations plutôt que de se reposer sur la sécurité d'une fausse paix ».
Dans le prochain article nous en apprendrons plus sur la vie et la théologie de Martin Luther, en contemplant selon ses propres mots comment Dieu le fit entrer par les portes du paradis seulement grâce à la foi en l’œuvre rédemptrice du Christ…
[Lire d’autres articles sur la Réforme Protestante]
CONNAITREpourVIVRE.com
Références [1] Article en ligne sur ChristianityToday.com intitulé : « 1517 Luther Posts the 95 Theses » : http://www.christianitytoday.com/history/issues/issue-28/1517-luther-posts-95-theses.html
[2] Barbara A. Somervill, Martin Luther: Father of the Reformation, Ed. Capstone, 2006, p. 46.
[3] Paul VI, const. ap. " Indulgentiarum doctrina ", Norme 1.
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