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Lionel Guibal

Témoignage d'un Aumônier de prison : De la drogue à Jésus Christ


À l’âge de vingt ans, à l’occasion d’un voyage en Espagne, j’ai rencontré des gens qui m’ont proposé de la drogue ; et là j’ai commencé à en prendre. Je me suis mis à fumer du hachisch et de la marijuana, comme on dit vulgairement, « à me défoncer ». Puis je suis rentré chez moi en France, à Vergèze, où j’avais toute une bande de copains d’enfance, garçons et filles de mon âge.

Comme j’avais ramené de la drogue, j’ai cherché à la leur faire connaître, et malheureusement je les ai entraînés dans la drogue. J’ai aussi entraîné des jeunes de Nîmes qui se droguaient avec nous. Nous fumions, nous nous droguions. Au début c’était du hachisch et de la marijuana puis au bout de quelque temps nous avons rencontré des gens à Nîmes et à Montpellier qui nous ont proposé de l’héroïne, de la morphine, de la cocaïne, et nous sommes tous passés à des drogues dures.

Et ça a duré comme ça pendant cinq ans. Pendant cinq ans tous les soirs c’étaient des soirées de drogue, à écouter de la musique, à se défoncer complètement. Au bout de ces années de drogue, j’étais passé vendeur, un « dealer » comme on dit, car la drogue coûte cher. Pour arriver à pouvoir en consommer j’allais en vendre dans les villes, à Alès, à Nîmes, etc.

En Amérique du Sud

Au bout de quelques années, je me sentais très mal : J’étais devenu paranoïaque, angoissé ; intérieurement j’étais complètement détruit, autant psychologiquement que moralement et même physiquement. J’étais au fond, je n’en pouvais plus. Or il y avait dans ce groupe un couple de parisiens qui m’ont dit : « Viens, Lionel, partons en Amérique du Sud et là-bas nous irons en Bolivie, il y a de la bonne cocaïne, il y a de la marijuana en Colombie, nous voyagerons, nous ferons la fête et tout ».

Comme je n’en pouvais plus je leur ai dit : « Oui, je vais venir avec vous ». Je me souviens que ma mère m’avait dit : « Lionel, si tu pars là-bas je ne te reverrai plus ». Et je lui avais répondu: « Maman, je sens que je dois partir, il faut que je parte ». Nous avons pris l’avion et nous avons atterri à Lima, au Pérou. Et tout de suite nous avons été en contact avec des jeunes qui se droguaient.

 

« je sentais au fond de moi que ce n’était pas bien, que j’allais me détruire [...] Pour chercher de la drogue nous sommes partis vers l’Amazonie »

 

La drogue a continué. J’étais avec un jeune qui avait l’esprit suicidaire et qui me faisait peur par son attitude. Je me droguais, mais je sentais au fond de moi que ce n’était pas bien, que j’allais me détruire. Et ce jeune se droguait, mais à fond, complètement, il était complètement défoncé, il devenait fou. Pour chercher de la drogue nous sommes partis vers l’Amazonie.

Nous avons traversé la Cordillère des Andes et nous sommes arrivés dans l’enfer vert. Et là, en Amazonie, nous avions décidé de faire quelques jours de bateau pour aller rejoindre un poste complètement perdu en pleine jungle. Nous avons acheté un petit bateau à des Indiens, puis de la nourriture, du riz, et nous sommes partis tous les deux.

Et voilà que pendant que nous descendions une rivière, à l’approche d’une cascade, le courant est devenu beaucoup plus fort. Quand j’ai vu que le bateau allait partir dans la cascade, nous avons ramé pour aller vers le bord, j’ai sauté sur la berge et avec une ficelle j’ai essayé de retenir le bateau.

Mais le courant a été plus fort et mon copain est tombé dans la cascade avec le bateau. J’ai vu qu’il était toujours sur le bateau et que le courant l’entraînait au loin. Je me suis retrouvé tout seul et comme je n’avais pas de machette, il m’était impossible de me frayer un chemin sur la rive pour rejoindre mon copain.

Alors j’ai dû me jeter dans la rivière. Le courant était très fort, il m’a pris et j’ai été entraîné dans une eau boueuse. J’ai senti que je n’arriverai pas à rejoindre le bord. Et sans connaître Dieu, j’ai crié à Dieu, j’ai dit à Dieu: « Sauve-moi ! » ; au fond de moi j’ai poussé ce cri tellement j’avais peur.

Au bout d’un moment je suis arrivé, en nageant, à bout de force, à m’accrocher à des arbres et à me rapprocher du bord. Puis j’ai continué pendant longtemps et finalement j’ai retrouvé mon copain plus loin, qui m’attendait ne pouvant rien faire d’autre. J’ai réalisé que c’était dangereux de continuer avec lui. Je lui ai dit : « Je me retire, je ne veux plus continuer avec toi ».

Il voulait aller en Bolivie, chercher de la drogue, de la cocaïne, et moi je sentais que je ne devais pas suivre ce garçon, qu’il était trop dangereux. J’ai appris plus tard, qu’il est mort d’une overdose. Alors lui est parti vers la Bolivie et moi je suis remonté, j’ai retraversé la Cordillère des Andes, je suis retourné à Lima, où j’ai pris le chemin de la Colombie.

Une rencontre qui a changé ma vie

En Colombie j’ai rencontré des gens, des hippies, qui m’ont dit : « À San Agustin, il y a des champignons hallucinogènes », des « hongos », comme on les appelle en espagnol. J’étais complètement paumé, je ne savais plus où j’en étais. Alors je me suis dirigé vers ce village. C’était en 1975, c’était l’époque des hippies. Des gens fumaient, se défonçaient.

Et je me suis retrouvé là, assis dans une petite gargote avec un toit en tôle, en train de boire un café. J’étais complètement perdu dans mes pensées. Des Suisses qui étaient là aussi se sont joints à moi. On a parlé et je leur ai raconté un peu mon histoire et ils m’ont dit : « Tu devrais aller parler à ce garçon qui est là-bas, il paraît qu’il dit des choses intéressantes, il paraît qu’il est chrétien, il parle de Jésus ».

Je leur ai répondu: « Oh ! moi ce n’est pas ça qui m’intéresse, ce qui m’intéresse surtout c’est la drogue et le sexe ». Alors là, un jour, je ne sais pas comment ça s’est fait (je suis resté plusieurs jours dans cette gargote), je me suis trouvé à côté de ce Colombien qui s’appelait Luis Carrera (Je parle espagnol couramment car ma mère était espagnole).

Je me suis trouvé assis à table avec ce garçon et je revois toujours, trente-cinq ans après, son visage, sa sérénité, sa paix, quelque chose qui émanait de lui, quelque chose que je ressentais profondément, et nous nous sommes mis à parler. Il m’a dit qu’il était chrétien, qu’il avait la foi, qu’il croyait au Seigneur Jésus.

Je l’avais vu parler aussi à des groupes de différentes nationalités, et tout le monde l’écoutait. Quant à moi, je n’avais pas voulu me joindre à ces groupes. Mais ce jour-là il a commencé à me parler, à me parler de Jésus, de la foi. Alors je lui ai ri au nez. Je lui ai dit : « Tu sais Luis, tout ça ce n’est pas pour moi ; moi, ce qui m’intéresse c’est de me défoncer et d’avoir des relations avec des femmes et des filles, le reste, ça ne m’intéresse pas ».

 

« si tu continues dans ce chemin tu vas te perdre »

 

Alors je me souviens qu’il m’a répondu: « Lionel, si tu continues dans ce chemin tu vas te perdre ». Sa réponse m’a profondément impressionné. Alors je suis resté quelques jours avec lui. Je sentais profondément qu’il avait en lui quelque chose que moi je ne possédais pas. Je sentais une présence, dans le cœur de ce garçon, je sentais une force, je sentais un amour, je sentais une profondeur, une joie qui émanait de lui.

Et je lui ai dit : « Luis, tu crois que moi aussi je pourrais connaître cette joie, cette paix que tu as, cette présence : tu es habité Luis, tu as quelque chose ». Il m’a dit : « Oui, j’ai le Christ qui est en moi ». Et alors là j’ai commencé à lui demander : « Qu’est-ce que je dois faire pour qu’en moi aussi le Christ puisse venir, combler ce vide, cette soif d’amour? »

Je dois dire que quand j’étais en France, pendant que je me droguais, il y avait quand même une recherche dans cette drogue, il y avait quand même une quête du sens de la vie. Je me demandais avec mes copains : « Qu’est-ce qu’on fait là ? » Travailler, ce n’est pas ça qui va remplir notre être ; l’argent non plus quoique nous faisions du trafic. Nous cherchions quelque chose, nous ne savions pas ce que nous cherchions, mais nous étions à la recherche de quelque chose.

Je me souviens que nous écoutions un certain style de musique ; c’était une musique américaine où l’on posait des questions. À ma question, Luis m’a répondu: « Lionel, tu n’as simplement qu’à ouvrir ton cœur et laisser le Christ remplir ce vide qui est en toi, laisser le Christ pénétrer à l’intérieur de toi-même et remplir ce vide ». Il ne m’a pas dit que j’étais un pécheur, il ne m’a pas dit que j’avais commis des péchés.

Mais il m’a dit que lui aussi était un ancien drogué et que depuis qu’il avait laissé Jésus entrer dans son cœur, le vide était comblé, la paix était venue et avait pris la place de la paranoïa et de l’angoisse. Parce que voilà ce que la drogue fait : elle produit une certaine ivresse, mais après c’est pire, il y a une crainte qui s’installe dans l’homme. Et alors je lui ai dit : « Luis, moi aussi je veux que ce Christ, ce Jésus dont tu me parles, que je ne connais pas, je voudrais aussi qu’il rentre dans mon cœur ».

J’ai appris une chose surprenante : un mois avant, Luis était à Bogota, et il avait eu le sentiment profond que Dieu lui disait : « Va à San Agustin, là-bas tu rencontreras un jeune garçon, tu lui parleras et il se convertira ». Le Seigneur me cherchait déjà. Moi je cherchais, mais en fait c’était Lui qui me cherchait, c’était le Christ qui me cherchait. Comme il est dit dans la Bible : « Il est venu chercher et sauver ce qui était perdu » (Luc 19:10), c’était Lui qui me cherchait !

Comme il se préparait à repartir, je lui ai demandé : « Où tu vas Luis ? » Il m’a répondu: « Je retourne à Bogota ». Alors je suis parti à Bogota avec ce Colombien, Luis Carrera. Comme nous étions en pleine Amazonie il nous a fallus plusieurs jours de voyage sur des pistes, en Land Rover. Nous sommes arrivés à Bogota en juin 1975. Là, j’ai revendu ma drogue et avec cet argent — j’en avais très peu — je suis entré dans une librairie et j’ai acheté ma première Bible.

Dire qu’à mon arrivée, à Lima, au Pérou, quand je me suis joint à des drogués, nous fumions de la marijuana avec du crack, un résidu de cocaïne, et comme nous n’avions pas de papier pour rouler les joints, des « pétards » comme on dit maintenant, alors nous arrachions les feuilles d’une vieille Bible où le papier était très fin et avec ces feuilles, nous roulions des « pétards » et nous nous défoncions toute la journée. Et voilà qu’un mois et demi après je vends ma drogue et j’achète ma première Bible.

Voilà la grâce de Dieu ! J’ai commencé à lire cette Bible. Je suis tombé sur l’évangile selon Saint Jean, sur les Proverbes de Salomon, les Psaumes de David. Je me suis rendu compte que c’était cela que je cherchais, cette sagesse, cette plénitude, cette paternité. La Parole de Dieu, la Bible, me disait : « Mon fils », et je n’avais pas eu mon père.

Et c’est à partir de ce moment-là qu’un cri est sorti de moi et j’ai appelé Dieu « Papa », Dieu était vraiment mon Papa ! Ce papa que j’avais perdu quand j’étais petit, qui m’a tant manqué, c’était Dieu qui prenait sa place. Et j’ai commencé à lire, à lire, et je me suis rendu compte de toute cette plénitude d’amour qu’il y avait dans le Christ, cet amour qui commençait à pénétrer mon être, à combler mon être.

Cet amour que j’avais cherché auprès de ma mère qui, malgré toute sa bonne volonté, ne pouvait pas me le donner, parce que cet amour que je cherchais, ce n’était pas un amour qu’un être humain pouvait me donner, c’était un amour que seul le Christ était capable de me donner. Et cette rencontre avec Jésus Christ, avec Dieu, ça n’a pas été une rencontre intellectuelle, ça a été la rencontre d’un Père avec son fils.

 

« Pour la première fois j’ai compris que quelqu’un m’aimait, que j’étais aimé profondément. Et à partir de ce jour-là, ma vie a commencé à prendre une orientation complètement différente »

 

Pour la première fois j’ai compris que quelqu’un m’aimait, que j’étais aimé profondément. Et à partir de ce jour-là, ma vie a commencé à prendre une orientation complètement différente. Je suis resté quelque temps avec Luis à me nourrir de la Bible, la Parole de Dieu, à lire cette Parole, cette Parole extraordinaire. Et puis alors dans mon cœur j’ai compris que le Seigneur me disait :

« Maintenant, retourne à Nîmes, retourne à Vergèze, va témoigner de ce que tu as trouvé, de ce que tu as rencontré ». Mais je n’avais pas d’argent, j’étais complètement fauché. Alors j’ai téléphoné en PCV à ma mère pour qu’elle me paye le billet pour rentrer. Ma mère était contente, elle m’a envoyé de l’argent et j’ai pu rentrer.

Retour en France

Quand je suis rentré à Vergèze, dans mon village, je me souviens, j’ai revu tous mes copains qui se droguaient toujours. Et je me souviens avec quelle joie j’ai pu leur dire : « ça y est, j’ai trouvé la vérité, je sais que Jésus est vivant, je L’ai rencontré ». Il y en avait un qui avait déjà commencé à lire un livre de sagesse indienne, et je me souviens de lui avoir dit : « Non, non, ce n’est pas ça, c’est Jésus qui nous sauve, qui est mort sur la croix pour nos péchés, c’est Lui qui nous aime, c’est Lui qui peut remplir notre être ».

Au début mes copains de Nîmes, de Vergèze, de Codognan et d’ailleurs, tous ces villages aux alentours, ne se moquaient pas vraiment de moi, mais croyaient que j’avais pris trop de drogue et que j’étais resté un peu « défoncé » comme on dit. Mais moi je savais que c’était la vérité, que j’avais rencontré Jésus, plutôt que Jésus était venu à ma rencontre et m’avait trouvé dans ma misère, dans ma peine. Et alors je leur en parlais.

Je me souviens, j’allais dans les rues de Nîmes, je témoignais. Je ne savais pas grand-chose, je savais simplement que Jésus était vivant, qu’Il nous aimait, que c’était Lui le Sauveur, Celui qui pouvait donner un sens à notre vie, remplir notre être. Alors certains se moquaient de moi. Puis, au bout de quelque temps, quelques-uns sont venus me voir : « Lionel, parle-nous un peu de Jésus, raconte-nous ».

Et alors là, je commençais à leur parler du peu que je savais sur Jésus, de ce que j’avais lu dans la Bible. Et comme ça, beaucoup de mes copains se sont convertis à Vergèze, à Nîmes aussi: Michel, Line, Dominique et bien d’autres. J’avais été un instrument dans les mains du diable pour les amener à la drogue; par grâce, Dieu s’est servi de moi pour leur parler de Christ, le Sauveur.

Débuts de la vie chrétienne

On ne savait pas encore ce qu’il fallait faire, on ne connaissait pas bien la Parole. Voilà qu’un jour, un monsieur âgé, avec un chapeau, est venu frapper à ma porte. Il voulait me parler. Il avait entendu parler de moi, il avait appris que j’étais revenu d’Amérique du Sud, que je m’étais converti. C’était le pasteur Marcel Arnal de Vergèze. Il nous a réunis et a commencé à nous parler de la Bible, du Seigneur Jésus.

Ce qui nous a surpris c’est que lorsque ce croyant âgé, ce véritable chrétien, nous parlait, on sentait chez lui une jeunesse, une spontanéité, une vérité étonnante. Nous avions à l’époque 25 ans, mais avec notre drogue, à côté de lui, nous semblions être des vieillards, complètement décrépis.

 

« ce pasteur priait depuis plus de 20 ans pour le village de Vergèze, pour qu’il y ait un réveil [...] Ainsi ils ont vu la réponse à leurs prières »

 

Nous avons aussi appris que ce pasteur priait depuis plus de 20 ans pour le village de Vergèze, pour qu’il y ait un réveil, pour que le Seigneur touche des âmes. La sœur de sa femme, Madame Brieux, qui avait été si gentille avec moi quand j’étais enfant, est venue un jour à la maison, et elle nous a dit : « Lionel cela fait presque 20 ans que je prie pour toi afin que le Seigneur touche ton cœur ». Ainsi ils ont vu la réponse à leurs prières.

Un jour, Monsieur Arnal nous a dit : « Il faudrait peut-être profiter de l’occasion pour rendre témoignage devant tous que vous êtes chrétiens, que vous avez la foi au Seigneur Jésus ». Alors il y a eu une réunion au temple. Le temple était plein. Et quelques-uns d’entre nous, de ce groupe d’anciens drogués, nous avons rendu témoignage devant tout le monde de notre foi au Seigneur Jésus, nous avons témoigné que nous croyons en Lui, nous avons dit ce qu’Il était pour nous.

Plusieurs étaient émus ; il y en avait qui pleuraient dans le temple en entendant ces témoignages de jeunes repentants. Voilà ce que le Christ Jésus a fait pour moi et pour mes copains. J’ai rencontré Jésus-Christ, il y a maintenant plus de 35 ans. Depuis, Il s’est toujours tenu près de moi : Il est fidèle. Ce qu'il a fait pour moi et pour mes copains, c'est aussi ce qu'Il veut faire pour vous.

Lionel Guibal Aumônier de prison Fédération Protestante de France des prisons Contact: l.guibal@gmail.com

Cet article est reproduit avec la permission de Lionel Guibal [ lavieenjesus.fr ], auteur invité de CONNAITREpourVIVRE.com.

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